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« Un Amour de Swann » de Marcel Proust

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« En 1913, Marcel Proust publie Du côté de chez Swann, le premier des romans du cycle À la recherche du temps perdu.

L'oeuvre évoque les souvenirs d'enfance du narrateur, mais entre la première partie, « Combray », et la troisième, « Noms de pays : le nom », l'auteur intercale « Un Amour de Swann », une longue digression où il évoque l'ancienne passion de Swann, un ami de famille, pour Odette de Crécy. L'insertion de ce récit dans le récit, par ce procédé d'enchâssement qu'on appelle « mise en abyme », est étrange.

L'auteur du roman se sert d'un narrateur, qui se souvient de l'enfant qu'il était, qui se souvient d'une aventure de Swann, antérieure à sa naissance, mais qu'on lui a racontée.

La structure est complexe, et permet de nombreux effets de symétries, de jeux de miroirs, ou de décalages.

Sans doute l'auteur a-t-il voulu, par un excursus, rompre la monotonie des souvenirs d'enfance.

Mais plus profondément, la passion de Swann sert de contrepoint* à celle du narrateur pour Albertine, dans le reste du cycle, et annonce ainsi quelques-uns des thèmes fondamentaux de l'ensemble. L'intrigue, en fait, est très simple.

Le récit évoque l' innamoramento, la naissance de l'amour, ses progrès, la jalousie, les soupçons et la fin de l'amour.

Mais tout l'intérêt de l'oeuvre, difficile à restituer de ce fait, réside dans l'analyse remarquablement fine des sentiments.

Swann, amateur d'art, d'origine juive, apparaît comme un double du narrateur, et donc de l'auteur.

Il tombe amoureux, et veut même mourir pour une femme « qui n'était pas son genre », Odette.

À la faveur de rapprochements esthétiques fortuits, il la pare de vertus imaginaires, qui enflamment son coeur : c'est la cristallisation, dont parlait Stendhal.

Il devient son amant, passionné et jaloux, car il pressent les amours d'Odette avec le comte de Forcheville, et avec d'autres femmes.

Et il réussit finalement à l'oublier. Ce roman psychologique se double d'une peinture de moeurs.

Swann est introduit dans le salon faussement aristocratique des Verdurin.

Le snobisme bourgeois de ce « petit noyau », constitué en chapelle, avec ses initiés et ses fidèles, est décrit avec humour, dans le ridicule même de ses manières affectées.

Mais Swann, chassé du coeur d'Odette, est bientôt exclu du clan des Verdurin. Seul demeure encore l'« air national de leur amour », cette petite phrase musicale de Vinteuil, car l'art peut seul apporter la révélation du temps et de la vie. Un roman d'amour à l'intérieur dVl la recherche du temps perdu Un amour de Swann est une parenthèse dans un ensemble bien plus vaste : A la recherche du temps perdu, dont la publication s'étend de 1913 à 1927.

Un amour de Swann constitue l'une des trois parties du premier volume de cette vaste fresque : Du côté de chez Swann.

Intégré dans cet ensemble, en ce qu'il annonce, sur le mode mineur, les grands thèmes de La Recherche (le snobisme, le rôle majeur joué par la mémoire tant dans l'amour que dans la création et l'émotion artistique), il en est cependant aisément dissociable.

Joyau serti dans La recherche, il est le roman de la jalousie.

Représenté par la sonate de Vinteuil, l'art y joue une place essentielle. La roman de la jalousie Swann n'a tout d'abord que peu d'attrait pour Odette de Crécy, cette demi-mondaine rencontrée un jour au théâtre et régulièrement retrouvée dans le salon de Mme Verdurin où la sottise se joint au snobisme.

Tandis que l'on y joue la sonate, Swann sent cependant poindre en lui l'ébauche d'un sentiment amoureux.

Mais il faut attendre un soir où Swann recherche en vain Odette dans tous les restaurants et les bars de la capitale pour que se cristallise ce qui n'était encore qu'ébauché.

L'angoisse de la perte a sécrété l'amour et continuera de le nourrir, distillant la jalousie comme un poison.

Swann sera l'amant d'Odette mais, à partir de ce moment, elle se détachera de lui, prendra un autre amant et deviendra inaccessible.

Swann souffrira longtemps puis, tout comme il est né, son amour s'éteindra brusquement comme cesse une maladie.

Cyniquement, Swann conclut : "Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre !" Swann est un ami des parents du narrateur, qu'il a connu, enfant.

Il en a entendu parler comme d'un amateur de femmes qui aurait eu une seule grande passion.

Ce récit préfigure, par la ressemblance entre la personnalité de Swann et celle du narrateur, les amours tourmentées que ce dernier décrira dans la suite de l'œuvre. Résumé Swann est un être fin et distingué, passionné d'art.

Son activité principale est l'étude de grands maîtres de la peinture, en particulier Vermeer de Delft, et certains maîtres italiens dont Botticelli, Ghirlandajo, Tintoret. Lorsqu'il rencontre Odette de Crécy, demi-mondaine, il est frappé par sa ressemblance avec un personnage faisant partie d'une fresque de la chapelle Sixtine : Zéphora, la fille de Jéthro. Odette fréquente assidûment un salon présidé par de petits snobs: les Verdurin.

Swann essaie de s'y faire introduire par le grand-père du narrateur qui ne cache pas son mépris : «Ah, bien! Nous allons avoir de l'agrément si Swann s'affuble des petits Verdurin ! » Dans ce salon, on rencontre les fidèles, toujours prêts à encenser les maîtres de maison : madame Verdurin, «ivre de camaraderie, de médisance et d'assentiment, (...) sanglotait d'amabilité.

» Au cours d'une soirée où participent des musiciens, Swann est très ému par une phrase musicale de la Sonate de Vinteuil, dont le souvenir sera toujours lié à la présence d'Odette.

Cette dernière donne tous les signes du grand amour, courtise habilement le jeune homme et le transforme peu à peu en une sorte d'esclave d'elle-même et des Verdurin avec lesquels, cependant, il a peu de points de communication; Odette ne lui dit-elle pas, en parlant de. »

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