Un critique contemporain définit l'esprit du 18e siècle en ces termes: Il fallait édifier une politique sans droit divin, une religion sans mystère, une morale sans dogme. Dans quelle mesure et avec quelles nuances ce jugement se trouve-t-il vérifié par les oeuvres du 18e siècle que vous connaissez ?
Extrait du document
figures de sages légèrement
sceptiques à l'égard de toutes les formes particulières de la religion, honorant
celles-ci dans la mesure où elles sont les garanties sociales du bon ordre, mais
les flétrissant quand elles conduisent à l'intolérance, au fanatisme, au
meurtre. Sans doute attache-t-on encore de l'importance à la conscience morale,
sans doute Rousseau fait-il l'éloge de cet « instinct divin » qu'Emile devra
accepter pour guide. Mais prenons bien garde qu'en obéissant à sa conscience,
Emile obéira surtout à sa nature; pour lui, comme pour les personnages de roman
du XVIIIe siècle qui s'écrient sans cesse : « 0 vertu, ô nature! », être moral,
c'est avant tout réaliser les virtualités de sa nature d'homme, et non obéir aux
dogmes d'une « surnature ». N'oublions pas que c'est au XVIIIe siècle que Kant,
loin de faire dépendre la morale de la métaphysique, fondera sur les impératifs
de la conscience la nécessité de l'existence d'un Dieu et d'une âme.
3. Pas plus qu'ils ne voulaient supprimer la royauté, mais la rationalisaient,
les philosophes ne voulaient supprimer la religion : ils concevaient une
religion sans mystère, une religion humaine; nous dirions aujourd'hui une
religion « laïque », ils disaient, eux, une religion « naturelle ». Les sages
des Conta- de Voltaire sont généralement religieux. Zadig tâche de comprendre
les décisions de la Providence et aimerait voir régner chez tous les hommes une
sorte de déisme tolérant : dans la scène fameuse (Zadig, Le Souper) où des
marchands se querellent pour des questions religieuses, il réussit à les calmer
en leur montrant que les divers mystères des religions sont des enveloppes à peu
près équivalentes pour un certain nombre de grandes vérités universellement
admises. Ainsi, dans une sorte de déisme très souple, est assurée la fraternité
des hommes, adorant dans un Dieu créateur l'ensemble des vertus qu'il leur faut
pratiquer. Ce Dieu assure non seulement l'ordre moral, mais encore une
explication suffisamment rationnelle de tout ce qui nous échappe : c'est le
fameux « Dieu horloger »de Voltaire.
Liens utiles
- Charles Perrault a déclaré à propos des contes que ces bagatelles n'étaient pas de pures bagatelles, qu'elles renfermaient une morale utile et que le récit enjoué dont elles étaient enveloppées n'avait été choisi que pour les faire entrer plus agréablement dans l'esprit et d'une manière qui instruisît et divertît tout ensemble. Vous direz comment les apologues que vous avez lus et étudiés illustrent ce jugement. Vous vous appuierez pour traiter ce sujet, sur les textes du corpus (Lettr
- « Un vrai classique, [...] c'est un auteur qui a enrichi l'esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus [...] ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son invention, sous une forme n'importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les
- Un critique a dit de Vigny: Cette pensée grave et profonde germa parfois en poèmes dont quelques-uns sont égaux à tous les chefs-d'oeuvres. Vous commenterez ce jugement et vous essaierez, en vous inspirant des poèmes que vous connaissez, de caractériser le talent et l'art de Vigny ?
- Sous les moqueries légères on trouve des idées profondes; sous l'ironie perpétuelle on trouve la générosité habituelle; sous les ruines visibles on trouve des bâtisses inaperçues. Développez ce jugement de Taine sur les philosophes du 18e siècle ?
- Albert THIBAUDET note au sujet de MONTAIGNE : Il a haï les révolutions, et cependant c'est par l'esprit et l'action révolutionnaire du XVIIIe siècle que la pensée de Montaigne est devenue chair, que l'homme selon les « Essais » a été appelé à la vie. L'oeuvre a été plus révolutionnaire que l'homme. Elle a été révolutionnaire à contresens de l'homme. En partant de cette réflexion, vous direz sur quels points et dans quelle mesure l'oeuvre de MONTAIGNE vous paraît annoncer celle des « ph