Un jour, en Sorbonne, un candidat ayant employé la formule connue « le tendre Racine », l'examinateur l'interrompit en disant : « Racine n'est pas tendre, Monsieur, il est féroce. » Vous direz, en vous appuyant sur des faits précis, ce qui a pu faire donner à Racine cette épithète de tendre, et pourquoi d'autres, au contraire, le jugent féroce.
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Un jour, en Sorbonne, un
candidat ayant employé la formule connue « le tendre Racine », l'examinateur
l'interrompit en disant : « Racine n'est pas tendre, Monsieur, il est féroce. »
Vous direz, en vous appuyant sur des faits précis, ce qui a pu faire donner à
Racine cette épithète de tendre, et pourquoi d'autres, au contraire, le jugent
féroce.
Introduction : Malgré les apparences, ces deux épithètes ne sont pas dans
une parfaite opposition. Le théâtre de Racine est féroce en ce sens qu'il est
impitoyable dans la peinture des fureurs, des méchancetés et des vices du coeur
humain. Il est tendre, non parce qu'il est indulgent pour d'autres aspects de ce
même coeur (ce qui serait le contraire de féroce), mais parce qu'il peint aussi
des sentiments tendres, peinture qui nous attendrit à notre tour et éveille en
nous le désir des larmes.
I. Racine est tendre lorsqu'il peint :
1. la tendresse maternelle (Andromaque, Josabeth, celle-ci pouvant être regardée
comme la mère de Joas par les sentiments qu'il lui inspire) : cette tendresse se
manifeste par un besoin de caresser l'enfant, de l'embrasser, de pleurer en
l'embrassant, etc. ;
2.la tendresse filiale (Iphigénie), affection - caressante aussi dans une âme
qui a la faiblesse (si naturelle !) d'aimer la vie et de faire à son père des
reproches d'une douceur déchirante ;
3.
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