Un philosophe contemporain, Louis Althusser, affirme que le couple Famille-École a remplacé dans le monde moderne le couple Famille-Église pour la formation de la jeunesse et pour sa préparation à la vie, c'est-à-dire pour l'inculcation des valeurs du monde établi. Comment comprenez-vous cette prise de position ? Discutez-la.
Extrait du document
«
Introduire
Famille, Église, École : quels liens entre ces trois termes?
Enfants et adolescents les trouvaient et les trouvent sur leur chemin.
Dès qu'il est en âge d'apprendre, l'enfant passe de sa famille à
l'école.
Pour certains cette entrée à l'école coïncide aujourd'hui encore avec la découverte de la religion : en même temps que l'école,
l'Église intervient dans la formation de l'enfant.
Famille, Église, École sont les trois instances que l'enfant découvre : par elles il acquiert des connaissances, mais par elles aussi il se
heurte aux premiers interdits.
Formatrices, positives, famille et école sont aussi répressives et dogmatiques.
Elles disposent d'un pouvoir
et d'un savoir, et mettent leur pouvoir au service du savoir qu'elles transmettent.
Historiquement, la fonction éducatrice et formatrice a longtemps été dévolue à l'Église, appuyée dans ce rôle par la famille.
Depuis la
Révolution, cette fonction c'est l'école qui l'assume, moins clairement soutenue parfois par la famille.
Entre l'Église et l'École n'y a-t-il eu
que glissement d'une morale religieuse à une morale laïque?
1re partie : Famille-Église, Famille-École, comme instances répressives et inculcatrices
Affirmer l'égalité du couple famille-Église/famille-École, c'est affirmer que l'école est une nouvelle Église, avec ses dogmes, ses préceptes,
sa morale.
Que peut vouloir dire Althusser?
a) Le rôle éducateur et formateur de l'Église a été immense, puisque des plus pauvres (catéchisme, bribes d'instruction quand elles
existaient) aux plus riches, elle encadrait tous les enfants.
Il va de soi que l'instruction, la culture étaient dispensées de façon différente
suivant la classe sociale à laquelle appartenaient les enfants à former (voir la copie citée).
Globalement, et c'est sans doute ce que vise
Althusser, l'Église préparait ceux qui lui étaient confiés à prendre leur place dans l'ensemble social tel qu'il existait : respect des autorités,
respect des hiérarchies, respect des pouvoirs.
Du père au prêtre et au roi, en passant par les formes plus précises d e l'autorité
(seigneurs^ maîtres, voire patrons).
Aux puissants elle donnait les moyens intellectuels et mentaux de leur puissance; aux humbles elle
apprenait la soumission et l'obéissance.
Chacun à sa place était ainsi conduit à renforcer l'ordre établi.
b) Dépossédée de ce pouvoir, l'Église fut remplacée par l'école publique :
laïque, volontiers anti-cléricale (avec des variations importantes suivant les provinces), l'école touchait un public plus large encore que
celui de l'Église.
Sûre de sa fonction — alphabétiser, apprendre leur langue aux milliers de Français qui ne la parlaient pas —, fière aussi
de la laïcité, l'école rompait avec la morale chrétienne.
Mais c'était pour aussitôt en inventer une autre : la morale de la conscience.
Et
cette conscience — qui désignait les devoirs, les obligations, le code du bon citoyen, — pour être républicaine, n'en parlait pas moins le
m ê m e langage que Dieu : respect des pouvoirs, patriotisme...
Malgré la trilogie — égalité, liberté, fraternité —, cette école enseignait
l'admiration pour les conquérants et les colonisateurs, le mépris ou du moins la méconnaissance d e ceux qui étaient colonisés.
Elle
entendait former d'.
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