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VAUVENARGUES: LE MORALISTE

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Pour Vauvenargues, l'observation psychologique n'a pas sa fin en elle-même : elle doit déceler « l'origine des principales erreurs » et ainsi étayer une doctrine morale. Faute de temps, il s'est borné à consigner dans ses Maximes des remarques particulières. Ces remarques suffisent cependant à lui donner une figure originale, par rapport aux penseurs du siècle précédent.

« Pour Vauvenargues, l'observation psychologique n'a pas sa fin en elle-même : elle doit déceler « l'origine des principales erreurs » et ainsi étayer une doctrine morale.

Faute de temps, il s'est borné à consigner dans ses Maximes des remarques particulières.

Ces remarques suffisent cependant à lui donner une figure originale, par rapport aux penseurs du siècle précédent. L'indifférence au surnaturel.

Dieu est absent des Maximes Vauvenargues n'est pas hostile à la religion, mais il ne la pratique pas et il proscrit toute préoccupation métaphysique; c'est perdre son temps que de discuter sur « l'immortalité de l'âme, sur l'essence des corps et des esprits, sur le mouvement, sur l'espace...

Il vaut mieux s'attacher à des choses vraies, instructives et profitables, qu'à ces grandes spéculations dont on ne peut rien conclure de raisonnable et de décisif ».

Sa morale est toute terrestre et se circonscrit dans les limites mêmes de la vie.

Si la sagesse chrétienne consiste essentiellement à se préparer à la mort, celle de Vauvenargues consiste au contraire à n'y pas songer, afin de vivre avec plénitude : « Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir »; « La pensée de la mort nous trompe, car elle nous fait oublier de vivre.

» La défiance à l'égard de la raison.

Vauvenargues écarte aussi la doctrine stoïcienne, qui présente l'avantage de proposer une sagesse tout humaine, mais qui fait trop de crédit à la raison.

A son avis, la raison « nous trompe plus souvent que la nature »; elle conseille souvent une peu glorieuse prudence, alors que « les grandes pensées viennent du coeur ».

Nous trouvons dans notre coeur « les semences de bonté et de justice »; nous y trouvons aussi le germe de passions fécondes : « Aurions-nous cultivé les arts sans les passions, et la réflexion toute seule nous aurait-elle fait connaître nos ressources ? » L'amour, l'ambition des honneurs, le désir de la gloire ne sont pas pour Vauvenargues les manifestations d'un fâcheux égoïsme, ni des faiblesses dangereuses qui troublent la sérénité intérieure, mais de précieux moteurs pour l'activité humaine. Le culte de l'action.

Au gré de Vauvenargues, l'action est la loi même de la vie : « Plus nous agissons, plus nous produisons, plus nous vivons.

» L'homme a besoin d'elle pour être heureux; et « il n'est pas de plus doux plaisir que le fruit du travail ».

Aussi la plus précieuse des facultés humaines est-elle la volonté; et la première des vertus, le courage, qui est la mesure de la grandeur d'âme.

Ainsi Vauvenargues propose un idéal d'héroïsme et de dévouement; il recommande, pour y atteindre, de suivre les généreuses impulsions de l'instinct.

Les philosophes ont vainement rempli leurs ouvrages « d'invectives contre la nature ».

L'homme n'est pas déchu, comme le pense Pascal, ni gâté par les passions, comme le croient les stoïciens, ni corrompu par l'amour-propre, comme le prétend La Rochefoucauld; il mérite qu'on lui « restitue toutes ses vertus ».

Vauvenargues s'y est employé : par son robuste optimisme, il réconcilie l'homme avec lui-même et avec la vie.. »

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