Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les chants du crépuscule) - La pauvre fleur disait au papillon céleste
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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les chants du crépuscule) - La pauvre fleur disait au papillon céleste La pauvre fleur disait au papillon céleste : - Ne fuis pas ! Vois comme nos destins sont différents. Je reste, Tu t'en vas ! Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes Et loin d'eux, Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes Fleurs tous deux ! Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne. Sort cruel ! Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine Dans le ciel ! Mais non, tu vas trop loin ! - Parmi des fleurs sans nombre Vous fuyez, Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre A mes pieds. Tu fuis, puis tu reviens ; puis tu t'en vas encore Luire ailleurs. Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore Toute en pleurs ! Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles, Ô mon roi, Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes Comme à toi ! ENVOI A *** Roses et papillons, la tombe nous rassemble Tôt ou tard. Pourquoi l'attendre, dis ? Veux-tu pas vivre ensemble Quelque part ? Quelque part dans les airs, si c'est là que se berce Ton essor ! Aux champs, si c'est aux champs que ton calice verse Son trésor ! Où tu voudras ! qu'importe ! oui, que tu sois haleine Ou couleur, Papillon rayonnant, corolle à demi pleine, Aile ou fleur ! Vivre ensemble, d'abord ! c'est le bien nécessaire Et réel ! Après on peut choisir au hasard, ou la terre Ou le ciel !
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