Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les orientales) - Malédiction
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Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les orientales) - Malédiction Qu'il erre sans repos, courbé dès sa jeunesse, En des sables sans borne où le soleil renaisse Sitôt qu'il aura lui ! Comme un noir meurtrier qui fuit dans la nuit sombre, S'il marche, que sans cesse il entende dans l'ombre Un pas derrière lui ! En des glaciers polis comme un tranchant de hache, Qu'il glisse, et roule, et tombe, et tombe et se rattache De l'ongle à leurs parois ! Qu'il soit pris pour un autre, et, râlant sur la roue, Dise : Je n'ai rien fait ! et qu'alors on le cloue Sur un gibet en croix ! Qu'il pende échevelé, la bouche violette ! Que, visible à lui seul, la mort, chauve squelette, Rie en le regardant ! Que son cadavre souffre, et vive assez encore Pour sentir, quand la mort le ronge et le dévore, Chaque coup de sa dent ! Qu'il ne soit plus vivant, et ne soit pas une âme ! Que sur ses membres nus tombe un soleil de flamme Ou la pluie à ruisseaux ! Qu'il s'éveille en sursaut chaque nuit dans la brume, Et lutte, et se secoue, et vainement écume Sous des griffes d'oiseaux !
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