Victor HUGO, Les Misérables
Extrait du document
( Le 5 juin 1832 à Paris, une manifestation se termine en émeute.)
Gavroche rampait à plat ventre, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d'un mort à l'autre et vidait la cartouchière comme un singe ouvre une noix. Les gens n'osaient lui crier de revenir, de peur d'appeler sur lui l'attention des gardes nationaux.
Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un cadavre, une balle passa près de lui. Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier.
Gavroche se dressa tout debout, les mains sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient et il chanta. Puis il ramassa son panier, y remit, sans perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade. Là, une quatrième balle le manqua encore.
Cela continua ainsi quelque temps. Une balle pourtant, mieux ajustée finit par atteindre l'enfant. On vit Gavroche chanceler puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri. Gavroche resta assis, un long filet de sang rayait son visage, regarda du côté où était venu le coup et se mit à chanter. Il n'acheva point. Une seconde balle l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.
Victor HUGO, Les Misérables
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