Vie et oeuvre de BENJAMIN CONSTANT
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BENJAMIN CONSTANT (1767-1830)
BENJAMIN CONSTANT est le type même de l'écrivain cosmopolite.
Né à Lausanne d'une famille de protestants
réfugiés, il étudie successivement à Oxford, Erlangen, Edimbourg, Paris, Bruxelles.
Il devient chambellan à la cour de
Brunswick.
Il se fait ensuite naturaliser français.
Sous le Consulat, il réussit à être membre du Corps législatif, puis
du Tribunat.
En 1802, il est éliminé de cette assemblée par Bonaparte, qui se méfie de lui à cause de ses idées
libérales et de sa liaison avec Mme de Staël.
Il rejoint Mme de Staël dans son exil, mais il ne parvient pas à se fixer
ni près d'elle, ni ailleurs.
Rentré en France en 1814, il se proclame royaliste.
Pendant les Cent jours, il se rallie à Napoléon et rédige l'Acte
additionnel aux Constitutions de l'Empire, Après Waterloo, il se réfugie en Angleterre.
Il revient d'exil en 1816 et
reprend sa carrière politique.
Orateur brillant, il compte parmi les chefs du parti libéral et acquiert une grande
popularité.
En 1830, il met son influence au service de Louis-Philippe.
Il meurt peu après la révolution de juillet.
Sa vie sentimentale fut très agitée.
Il fit connaissance de Mme de Staël en 1794.
« Je n'avais rien vu de pareil au
monde, écrit-il.
J'en devins passionnément amoureux.
» Mais l'emprise tyrannique de Mme de Staël ne tarda pas à lui
peser.
Délivré d'elle, quand elle se fut remariée avec Albert de Rocca, il éprouva pour Mme Récamier une passion
malheureuse.« Un homme qui n'aime que l'impossible », disait de lui Mme de Staël.
PRINCIPALES ŒUVRES
De la force du gouvernement actuel et de la nécessité de s'y rallier (1796): ouvrage de propagande en faveur
du Directoire.
Adolphe, anecdote trouvée dans les papiers d'un inconnu : ce roman, publié en 1816, avait été rédigé à une
date bien antérieure.
Un jeune aristocrate désœuvré entreprend par jeu de séduire la maîtresse d'un de ses amis.
Elle abandonne
tout pour lui.
Bientôt Adolphe se lasse de cette liaison.
Il essaie de rompre sans y parvenir.
Ellénore se
désespère de n'être plus aimée et meurt de chagrin.
Cours de politique constitutionnelle (1817-1820).
De la religion considérée dans sa source, ses formes et son développement (1826-1831).
Journal intime (1887).
Il contient, entre autres confidences, celle de la passion que Benjamin Constant éprouva
pour Mme Récamier de 1814 à 1816.
Le Cahier rouge (1907).
L'auteur y conte ses amours de jeunesse.
Cécile (ouvrage écrit vers 1806, publié en 1951).
C'est l'histoire d'un libertin qui veut se marier pour échapper à une maîtresse despotique et qui met quinze ans
à se décider.
On reconnaît sans peine dans les trois protagonistes Benjamin Constant, Mme de Staël et
Charlotte de Hardenberg (que Benjamin Constant épousa secrètement en 1808).
ADOLPHE, ROMAN D'ANALYSE
Benjamin.
Constant fut considéré en son temps comme un profond penseur politique.
Aujourd'hui, ses écrits
politiques sont oubliés, mais on admire universellement son roman.
d'Adolphe, qui n'eut que peu de lecteurs et
auquel il attachait lui-même peu d'importance.
Ce roman, dont le fond est constitué par sa liaison avec Mme de
Staël, s'élève bien au-dessus de l'anecdote autobiographique.
C'est une étude minutieuse et cruelle de l'amour qui
s'éteint.
Sujet original, les romanciers et les dramaturges s'attachant d'habitude à montrer non pas le déclin, mais
les progrès de la passion.
Par l'importance accordée à l'analyse, par la sobriété du cadre, par la précision élégante
de la forme, Adolphe est une oeuvre classique.
Mais les sentiments sont romantiques, en particulier « cette fatigue,
cette incertitude, cette absence de force, cette analyse perpétuelle », dont est faite l'âme d'Adolphe, héros
désenchanté, assez semblable au René de Chateaubriand.
Il disait de lui-même : « Sola inconstantia constans », constant seulement dans l'inconstance.
Nature insaisissable,
il passe d'un amour à l'autre, revient
à une passion délaissée, n'ose pas rompre, se débat parmi des complications sentimentales infinies, professe le
libéralisme sans estimer les hommes, la religiosité sans avoir la foi.
On lui prête les actions les plus noires, comme
d'avoir dénoncé et fait condamner à la déportation un adversaire politique.
On a pu dire de lui qu'il était capable du
pire.
Pourtant, il intéresse.
De ce velléitaire, de ce joueur, de cet orateur brillant, mais sec, de ce caractère
incertain, dont la grande préoccupation fut de, préserver sa liberté intérieure, émane aujourd'hui encore une
étonnante séduction..
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