Vie et oeuvre de ROUSSEAU
Extrait du document
La vie de JEAN-JACQUES ROUSSEAU est un long vagabondage inquiet, coupé de haltes paisibles.
Né à Genève d'une famille protestante, orphelin de mère à sa naissance, il est élevé déraisonnablement par un père fantasque. Les deux années qu'il passe chez le pasteur Lambercier, dans le village de Bossey, sont les meilleures de son enfance. Il est ensuite commis de greffe, puis apprenti graveur. Un dimanche de 1728, au retour d'une promenade, il trouve fermées les portes de la ville. Il part. Une jeune femme, Mme de Warens, qui habite alors Annecy et qui s'emploie à faciliter les conversions au catholicisme, le recueille et l'envoie à Turin, où il se fait baptiser. Il essaie de différents métiers : laquais, professeur de musique, secrétaire d'un soi-disant archimandrite. Il n'a pas oublié Mme de Warens. Il vient la retrouver en 1732. Jusqu'en 1740, il vivra chez elle à Chambéry ou dans sa maison de campagne des Charmettes. Années fécondes, consacrées à la lecture, à l'étude, à la musique. Années heureuses, du moins tant que dure l'idylle, interrompue en 1737 par un caprice amoureux de Mme de Warens.
En 1740, Rousseau reprend sa vie d'aventures. Il est d'abord précepteur à Lyon. Puis, après un dernier séjour aux Charmettes, il se rend à Paris, espérant s'enrichir avec un système de notation musicale dont il est l'inventeur. Espoir vite déçu. Il obtient alors une place de secrétaire auprès de l'ambassadeur de France à Venise. Mais il ne tarde pas à rentrer en France, s'étant brouillé avec l'ambassadeur. Pendant quelques années, il fréquente les salons, il est l'ami des philosophes. Il se lie pour le reste de sa vie avec une servante d'auberge, Thérèse Levasseur. Il affirme avoir eu d'elle cinq enfants qu'il abandonna.
Il a l'idée de son Discours sur les sciences et les arts en allant voir Diderot emprisonné à Vincennes. Pour être logique avec lui-même, il réforme son genre de vie, renonce à toute apparence de luxe et prétend se contenter des ressources qu'il peut se procurer en copiant de la musique. En 1754, il fait un voyage à Genève, y abjure le catholicisme et recouvre ses droits de citoyen. Mme d'Épinay, qui le protège, lui offre de réaliser son rêve de vie champêtre. Elle l'installe à l'Ermitage, un pavillon qu'elle possède sur la lisière de la forêt de Montmorency. Il y connaît des mois de vrai bonheur (avril I 756-août 1757). Mais des dissentiments surviennent. Il s'irrite contre Grimm et Diderot, qui essaient avec la complicité de Thérèse de l'arracher à cette solitude. Il devient follement amoureux de Mme d'Houdetot, belle-soeur de Mme d'Épinay, et celle-ci en prend ombrage. Brouillé avec sa protectrice et ses anciens amis, il quitte l'Ermitage et s'établit dans une dépendance du château de Montmorency, chez le maréchal de Luxembourg. Il y achève La Nouvelle Héloïse, Le Contrat social et l'Emile. Le Parlement s'émeut des audaces de ce dernier ouvrage. Pour n'être pas arrêté, Rousseau s'enfuit en Suisse dans la nuit du 9 au IO juin 1762.
De 1762 à 1770, il mène la vie d'un homme traqué. Il cherche asile à Motiers, dans le Val-de-Travers, territoire administré par Frédéric II. Il y reste trois ans. Il en est chassé par des manifestations hostiles. Il Se réfugie à l'île Saint-Pierre, au milieu du lac de Bienne. Le sénat de Berne l'en fait expulser. Il se laisse convaincre par David Hi.ime de venir à Londres. Il ne tarde pas à considérer le philosophe anglais comme son pire ennemi. Il repart, séjourne en Normandie, à Lyon, dans le Dauphiné, la raison ébranlée par un délire de la persécution fait de paroxysmes et de répits.
Il revient enfin à Paris en 1770. 11 y vit pauvrement de son métier de copiste, toujours tourmenté par ses obsessions, ne fréquentant à peu près personne en dehors de Bernardin de Saint-Pierre. En mai 1778, il accepte l'hospitalité que lui offre M. de Girardin au château d'Ermenonville. 11 y meurt subitement le 2 juillet suivant.
Liens utiles
- Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) - Les consolations des misères de ma vie
- PAUL BOURGET: vie et oeuvre
- FROMENTIN: sa vie et son oeuvre.
- FONTENELLE: sa vie, son oeuvre.
- En janvier 1976, lors de la parution de son roman, La Valse aux adieux, l'écrivain tchèque Milan Kundera déclarait : « Dans la vie, l'homme est continuellement coupé de son propre passé et de celui de l'humanité. Le roman permet de soigner cette blessure. » L'opinion de Kundera sur la fonction de l'oeuvre romanesque rejoint-elle votre expérience personnelle de lecteur ?