Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif, article THEISTE
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«
Commentaire de l’article « Théiste » du Dictionnaire Philosophique de Voltaire
Introduction :
Le Dictionnaire Philosophique, publié en 1764, sans nom d'auteur, est composé de 118 articles et aborde les
sujets les plus variés comme les valeurs morales (Du juste et de l'injuste, Tolérance), politiques et religieuses.
Voltaire
y fait de nombreuses attaques contre les injustices, les abus politiques, les profiteurs, la métaphysique et les religions.
L’article « théiste » montre que Voltaire admet l’existence d’un Dieu, mais qu’il le considère cependant comme
inaccessible par la pratique religieuse.
Projet de lecture : Voltaire, dans ce texte, prône une forme de religion active fondé sur les principes de
justice et d’utilité.
I)
Un éloge du théiste
1)
Une définition positive du théiste et du théisme
Le terme théisme désigne généralement la croyance en l’existence d’un ou de plusieurs dieux indépendamment de
toute pratique religieuse.
Voltaire définit le théiste comme un être doué de raison et n’utilise pas même les termes de
croyance ou de dieu : « Le théiste est un homme fermement persuadé de l'existence d'un Etre suprême.
».
Voltaire
préfère au terme de Dieu celui d’ « Etre Suprême » qui laisse davantage de possibilités et n’est pas connoté comme
terme religieux.
Au terme de croyance ou de foi, il préfère l’expression « fermement persuadé », faisant référence à
une conviction intime.
Cette définition aux apparences objectives que Voltaire fournit dans son article est cependant teintée de
subjectivité montrant l’attrait de l’auteur pour une telle religion.
La conduite du théiste est décrite avec nombre de
péjoratifs : « aussi bon que puissant, qui a formé tous les êtres étendus, végétants, sentants, et réfléchissants…Sa
religion est la plus ancienne et la plus étendue…Il parle une langue que tous les peuples entendent »
2)
Le théiste : un homme en harmonie avec la nature
Le théiste est présente comme un homme dont la croyance est en harmonie totale avec la nature.
L’ « Etre
suprême » dans lequel il croit est apparenté par Voltaire à la Nature même puisqu’il se présente comme le créateur de
tout ce qui est : « êtres étendus, végétants, sentants, et réfléchissants » : les deux premiers éléments de cette
énumération semblent désigner les végétaux, minéraux et élément dits « naturels », le troisième terme fait référence
aux animaux (à travers l’instinct) et le dernier aux hommes, seuls êtres vivants dotés de raison et capable de réfléchir.
Voltaire évoque ici la hiérarchie naturelle.
Le théiste est intégré à l’univers entier : « Réuni dans ce principe avec le
reste de l'univers » ; le « principe » évoqué ici par Voltaire s’avère celui de la justice naturelle agissant seulement par
nécessité et jamais par colère : « qui punit sans cruauté les crimes, et récompense avec bonté les actions
vertueuses ».
Cet Etre suprême qu’adore le théiste ne donne une punition que par pure justice, par nécessité.
3)
La poursuite du Bien du théiste
Le théiste est présenté comme un homme qui recherche le Bien et la justice.
L’Etre qu’il vénère est « aussi bon que
puissant », la comparaison témoignant de l’importance de sa bonté.
Sa religion consiste seulement « dans l'adoration
et dans la justice » : le parallélisme vient ici mettre sur le même plan l’adoration et la justice, Voltaire montrant ici
subtilement que la première ne doit pas prendre le pas sur la seconde et faire réaliser à l’homme des actes fanatiques.
(un autre parallélisme du même type et ayant la même fonction de placer un équilibre entre soumission à Dieu et
justice des hommes : « Faire le bien, voilà son culte;
être soumis à Dieu, voilà sa doctrine.
» ; l’emploi du terme « doctrine » révèle la théorie du théiste, le terme de
« culte » faisant référence à sa pratique de la religion).
Le théiste est un homme altruiste et généreux qui ne se
contente pas d’adorer un être suprême mais est ancré dans le monde qu’il cherche à améliorer : « il secourt l'indigent
et il défend l'opprimé.
» Sa quête du Bien est une quête de l’harmonie et de la sagesse : « Il a des frères depuis Pékin
jusqu'à la Cayenne, et il compte
tous les sages pour ses frères.
» ; Voltaire ici grâce à une construction chiasmique insiste sur la fraternité comme
vertu première de toute croyance : la foi ne doit pas couper le théiste du monde, mais au contraire, lui permettre de
créer des liens entre les hommes.
II)
Une critique de la religion
Parallèlement à l’éloge du théiste, Voltaire dans cet article dénonce les méfaits des cultes religieux,
systématiquement opposés aux bienfaits du théisme.
1)
Critique de l’esprit de système
La religion est ancrée dans un esprit de système déconnecté de la réalité du monde : « Il croit que la religion ne
consiste ni dans les opinions d'une métaphysique inintelligible, ni dans de vains appareils, mais dans l'adoration et dans.
»
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