VOLTAIRE ET ROUSSEAU : entre haine et amour !
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VOLTAIRE ET ROUSSEAU
Ils ont d'abord été en bons termes.
En 1755, Rousseau envoie son Discours sur l'inégalité à Voltaire, qui le remercie
avec une courtoisie légèrement ironique.
Rousseau répond à Voltaire en précisant son point de vue.
Il le fait sans
acrimonie.
Mais lorsqu'il reçoit le Poème sur le désastre de Lisbonne, il adresse à Voltaire une nouvelle lettre,
beaucoup plus vive, pour justifier la position de l'optimisme.
Voltaire se contente de lui en accuser réception en
quelques mots.
Les rapports entre les deux écrivains ne tardent pas à se gâter.
L'installation de Voltaire aux Délices, en territoire
genevois, porte ombrage à Rousseau.
L'article Genève, paru en 1757 dans l'Encyclopédie, lui paraît viser à travers
l'austérité genevoise ses propres conceptions morales.
Il ne doute pas que Voltaire ne soit l'inspirateur de l'article.
Autant de raisons pour riposter.
Il le fait dans sa Lettre à d'Alembert sur les spectacles.
A partir de ce moment,
Voltaire le considère comme un transfuge de la philosophie.
La publication de Candide achève d'indisposer Rousseau.
Il écrit à Voltaire, en 1760, une lettre qui consacre leur rupture.
Après la publication d'Émile, Voltaire offre à Rousseau persécuté un asile que celui-ci n'accepte pas.
Il ne croit pas à
la sincérité de Voltaire.
Il le soupçonne d'avoir provoqué les rigueurs des magistrats genevois contre son livre.
Il le
prend à partie dans ses Lettres de la montagne.
Alors Voltaire perd patience.
Dans un pamphlet anonyme, il le
dénonce comme un « vil, séditieux », digne de la peine capitale.
Ailleurs, il parle de lui comme du « plus méchant
coquin qui ait jamais déshonoré la littérature », il le traite de « sombre énergumène ».
Il pouvait avoir des raisons
valables de ne pas aimer Rousseau.
Mais dans la circonstance, il manqua de charité envers un homme qu'il savait
traqué, malheureux et sans défense.
RAYONNEMENT DE VOLTAIRE
Voltaire a exercé sur la pensée et la de son temps une suprématie incontestée.
Cependant jusque vers 1750, il est
surtout admiré pour son oeuvre de
poète et de dramaturge.
Dans le domaine de pensée, la première place est tenue par Montesquieu.
C'est après 1750
qu'il s'impose comme philosophe.
Sa popularité dès lors ne cesse de croître.
Prodigieusement actif, d'une intelligence
rapide et sûre, il possède un sens aigu de l'actualité, Bien qu'il soit resté vingt-huit ans éloigné de Paris, il règle les
mouvements de l'opinion par ses innombrables publications, par les campagnes retentissantes qu'il dirige.
A Ferney, il
est entouré d'une véritable cour.
Ses fidèles lui vouent une admiration qui touche à l'idolâtrie.
Il est en relations épistolaires avec tout ce que l'Europe compte de gens distingués : souverains, hommes politiques,
philosophes, écrivains, savants, artistes, au total plus de sept cents personnes, sans compter ses correspondants
occasionnels.
Il n'est pas rare qu'il écrive vingt lettres par jour.
De cette énorme correspondance il nous reste
environ dix mille lettres.
Elles sont d'une grande variété, traversées quelquefois de sentiments vifs, mais toujours
rédigées avec un tact exquis, une aisance parfaite, le souci de plaire et de convaincre.
Elles ont entretenu auprès
de l'élite cultivée le prestige de cet homme exceptionnel..
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