Voltaire, le conteur
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Voltaire s'est inspiré des récits orientaux, plaisants et galants, qui foisonnaient depuis le succès des Mille et Une
Nuits; mais il a donné aux siens une portée nouvelle et créé le conte philosophique.
LES ÉLÉMENTS DU CONTE
L'intrigue.
Voltaire parodie souvent les conventions de la littérature romanesque en contant l'histoire de deux
amants séparés qui cherchent à se rejoindre : Zadig, Candide, la Princesse de Babylone, poursuivent leur amour
perdu.
Les épisodes s'enchaînent avec rapidité, et servent de prétexte à une critique politique, religieuse et sociale.
Qu'il s'agisse du fanatisme ou de la cupidité des prêtres, des abus de la noblesse, de la bassesse des courtisans, de
la vanité des despotes, de la vénalité des ministres et des juges, Voltaire a toujours son coup de griffe à donner.
Le thème philosophique.
Mais, en outre, Voltaire choisit un thème qui donne au récit son unité et en commande le
progrès.
Il précise souvent par un sous-titre le sujet de sa réflexion : Zadig ou la Destinée; Memnon ou la Sagesse;
Candide ou l'Optimisme.
Presque toujours, c'est le même problème général qui est posé : à quelles conditions
l'homme peut-il faire son bonheur ? En vieillissant, Voltaire devient plus pessimiste : il donne un dénouement heureux
à Zadig, un dénouement passable à Candide, un dénouement tragique à L'Ingénu.
LES PERSONNAGES DES CONTES
Les personnages des contes sont variés : Babyloniens, Français, Westphaliens, Hurons, Portugais, Hindous, Arabes,
Juifs, habitants de Saturne, de Sirius; quelques-uns sont esquissés en traits vigoureux, qui leur donnent du relief.
Tous, cependant, ne sont que des marionnettes au service d'un montreur qui les modèle, les habille et tire leurs
ficelles.
Le montreur de marionnettes est toujours présent; il nous conduit de pays en pays, en flâneries
capricieuses, mais ces détours ménent impitoyablement à la conclusion philosophique.
Voltaire se dissimule derrière
les fantoches secondaires; il se découvre davantage lorsqu'il s'agit du héros : Zadig, Candide, l'Ingénu, c'est
toujours lui.
L'INTÉRÊT DES CONTES
Les contes de Voltaire enferment une sagesse qui, dans l'ensemble, a gardé sa valeur : les hommes souffrent;
mais, s'ils ne peuvent échapper aux coups d'un aveugle destin, ils peuvent remédier aux maux dont ils sont les
auteurs, et qui viennent de l'obscurcissement de leurs idées.
En outre, les contes offrent des modèles d'un art
inimitable, dont le charme a résisté au temps.
Comme les contemporains de Voltaire, nous goûtons leur richesse,
leur variété; et, plus encore, la saveur d'une prose légère, qui s'amuse à des descriptions pleines de fantaisie, mais
qui sait aussi, à l'occasion, frapper l'imagination pour imposer l'idée..
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