VOLTAIRE POÈTE
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VOLTAIRE POÈTE
Voltaire a été poète avant d'être philosophe.
Il croyait sincèrement à la prééminence de la forme poétique.
Il n'a jamais cessé de cultiver la poésie.
A ses yeux, comme aux yeux de ses contemporains, son oeuvre poétique
fut son plus beau titre de gloire.
Il eut l'ambition de fournir à la France l'épopée qui lui manquait.
Sa Henriade put faire illusion à un public
abusé par un faux sentiment de la beauté classique.
En réalité, par tous les souvenirs d'Homère et de
Virgile qu'elle renferme, par les procédés traditionnels qu'elle utilise (allégories, songes, prédictions,
apparitions et interventions des dieux), c'est une oeuvre artificielle et scolaire.
Elle n'a d'autre originalité
que de préluder à la propagande philosophique en portant condamnation contre le fanatisme.
Passionné de théâtre, hanté par l'exemple de Corneille et de Racine, Voltaire a inauguré sa carrière
littéraire par une tragédie, Oedipe, et il l'a terminée soixante ans plus tard par une autre tragédie, Irène.
Il se propose, comme ses illustres devanciers, de saisir les aspects éternels de la nature humaine.
Mais il
manque de pénétration psychologique, particulièrement dans la peinture de l'âme féminine, et ses pièces
donnent l'impression d'un déroulement monotone.
Sur plusieurs points il se comporte en novateur, ne
serait-ce que par son goût de l'histoire moderne (les croisades, la guerre de Cent ans) et des contrées
exotiques (Judée, Pérou, Arabie, Assyrie, Chine), qu'il met en rapports avec l'Europe chrétienne.
Secondé
par de grands acteurs, Lekain, la Clairon, il accroît l'importance du décor, de la mise en scène.
L'influence
de Shakespeare n'est pas étrangère à ces transformations.
La poésie lui paraît être le mode d'expression le plus capable d'illustrer la pensée philosophique ou logique.
C'est pourquoi il compose des satires, des épîtres, des discours en vers.
Quels que soient les griefs que
nous puissions avoir contre le langage poétique du XVIIIe siècle, ce genre de poèmes mérite peut-être
mieux que notre dédain.
Sans doute, lorsque le ton est familier, on dirait de la prose mise en vers et la
froideur raisonneuse des Discours sur l'homme offre pour nous peu d'attraits.
Mais il y a dans le Poème sur
le désastre de Lisbonne une éloquence soutenue, de beaux accents, une émotion vraie.
Tout compte fait,
cela vaut bien ces stances, madrigaux, épigrammes où l'on veut voir la grande réussite de Voltaire poète
et qui ne sont guère que des jeux d'esprit..
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