Vous vous demanderez si le comique n'a qu'une fonction de divertissement ?
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Définition :
On distingue classiquement cinq niveaux de comique : le comique de geste (chutes malencontreuses, gags divers,), le comique de mots
(jeux de mots, répliques spirituelles), le comique d'intrigue ou de situation (quiproquos, rencontres fâcheuses), le comique de mœurs
(satire du milieu social, de certaines professions) et le comique de caractères (caricature des grands défauts humains, avarice, colère,
snobisme, etc.).
Le sujet pose un « faux problème ».
Le divertissement n'est incontestablement pas l'unique fonction du comique.
Il est donc intéressant
d'examiner ses caractéristiques puis de s'interroger sur la frontière entre comique et critique, entre comique et tragique.
Existe-t-il
toujours une frontière explicitement délimitée ? Enfin que révèle-t-il plus sérieusement?
I/ Le comique : divertissement comme unique intention
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Dès son origine, la comédie met en scène des personnages souvent stéréotypés qui provoquent le rire dans des actions
entravées par des obstacles dus, non plus à la fatalité (comme dans la tragédie), mais aux mœurs et aux caractères.
On distingue
quatre grands types de comiques, leurs procédés visent à faire rire.
Jusque vers 1630 la comédie cherche son identité.
Écartelée entre la farce, la Commedia dell'arte et la Commedia Sostenuta elle
doit attendre une nouvelle génération d'auteurs dramatiques pour trouver sa place.
Corneille, par exemple, va tenter de relever le
genre en le purgeant de ses grossièretés, allant jusqu'à composer des pièces en cinq actes et en alexandrins, sur le modèle propre
à la tragédie.
L'auteur dramatique oppose sa conception de la comédie à celle décrite par Aristote dans la Poétique.
Son théâtre est
inspiré de l'esthétique théâtrale de ses voisins italiens.
Il mélange le théâtre dit « discipliné » celui de la Commedia Sostenuta à celui
de la Commedia dell'arte, le théâtre sans aucune prétention, un pur divertissement, où seule compte la virtuosité des acteurs.
Ainsi jusqu'au XVII e siècle la comédie est un genre risqué, car déprécié dans la Poétique d'Aristote.
Elle peint une image du
monde sans valeur et dénigre l'espèce humaine.
Qui plus est, oeuvre de la pensée grecque elle demeure le double négatif de la
tragédie, résultant de procédés traditionnels comiques et sans finesse.
Cependant les poètes latins vont lui offrir une nouvelle voie.
Avec Horace (castigat ridendo mores) la comédie doit certes faire rire mais elle doit surtout se conformer le plus possible au réel, et
d'après Térence, elle doit délivrer des intentions moralisatrices évidentes.
II/ Le comique : vers une évolution
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En se complexifiant, la comédie poursuit d'autres fins.
Le comique en particulier nourrit d'autres ambitions : "Castigat ridendo
mores", il châtie les mœurs en faisant rire.
Il ne veut plus être un simple divertissement, mais une critique des travers
psychologiques : l'avarice, l'entêtement, l'orgueil… ainsi que des comportements
sociaux : préciosité, hypocrisie, refus de la loi… Le comique devient alors grinçant.
Le ridicule sert à la prise de conscience et
cherche à désolidariser le public de "vices" à la mode…
Il est bien évident que certaines oeuvres ne correspondent pas tout à fait à ces définitions et restent ambiguës : au XVII e siècle,
il y a effectivement un mélange des genres comme dans la tragi-comédie, Dom Juan a gardé quelque chose du théâtre baroque.
Des comédies peu ambitieuses se contentent de reproduire des schémas stéréotypés comme le vaudeville qui utilise et use jusqu'à
la corde le triangle mari/femme/amant...
Mais lorsque l'auteur dramatique entend dénoncer des travers psychologiques ou
sociologiques, la distinction se fait plus subtile.
Dans Tartuffe, le triangle mari/femme/amant sert à montrer les dangers de
l'entêtement, du parasitisme doublé d'hypocrisie...
Si le spectateur rie d'Orgon le couard, confiné sous sa table et cocu en
puissance, il est amené également à réfléchir aux travers à la mode.
Le XVIIe siècle codifie tragédie et comédie, le XVIII e siècle voit apparaître le drame bourgeois, le XIX e siècle le perpétue et voit
naître le drame romantique...
C'est pourquoi, il apparaît que la comédie a pu aussi évoluer vers la critique sociale comme chez
Marivaux et Beaumarchais qui analysent en particulier les relations entre maître et valet.
Elle a aussi servi de lieu de réflexion aux
délicates approches de l'attirance amoureuse (Molière et Marivaux)… Enfin à l'époque moderne, c'est le recours à l'absurde qui lui
confère cette aura de critique radicale (chez Jarry ou Ionesco) mais le rire est alors bien noir...
III/ Le comique : lieu de réflexion
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Le théâtre doit convaincre, cette idée se retrouve exprimée dans tous les cas.
L'exemple de la préface de La Veuve (1634)
l'illustre ainsi : « la comédie n'est qu'un portrait de nos actions et de nos discours et la perfection de ces portraits consiste en la
ressemblance ».
La Place royale (Corneille, composée entre 1663 et 1664) caractérise une rupture entre Antiquité et tragédie .
Le
rire n'est plus un facteur essentiel de la comédie mais celle-ci conserve un certain héritage de l'Antiquité.
C'est une tragédie qui
montre que l'homme ne peut pas être heureux.
Les personnages perdent pied par rapport à leurs sentiments amoureux.
L'être
passionné ne peut pas être libre, il y a un conflit insoluble entre le bonheur, la passion et la liberté.
En outre, l'un des atouts considérables de la comédie tient dans son ambition de peindre le ridicule, de dresser le portrait
caricaturé des faiblesses humaines.
Entre l'idée que le personnage se fait de lui-même et ce qu'il est en réalité aux yeux de son
entourage scénique, voire du public, il y a une distance considérable.
C'est le cas de grands nombres de comédies de Molière (Le
Malade imaginaire, L'Avare …) et peut-être aussi bien de certaines pièces de Marivaux, un siècle plus tard ( Le jeu de l'amour et du
hasard).
Le comique est bel et bien passé en arrière plan de la comédie mais il reste latent.
Cela permet au genre de s'émanciper
afin de devenir un genre dramatique, un genre de valeur, tout au moins un genre que l'on situe au même niveau que celui de la
tragédie.
Enfin dans un autre registre que celui du théâtre, nous pouvons nous tourner vers l'univers burlesque de la série télévisée
Kaamelott.
Cette œuvre de fiction semble prendre forme à partir d'une lecture attentive des romans de la Table Ronde.
À une
exception près, cette fois-ci les personnages ne sont pas uniquement destinés à partir en quête de l'objet sacré ou à le trouver,
mais mis en scène pour faire naître le rire.
Un rire capable de prendre différents visages à travers cette réinterprétation fantaisiste
du mythe.
Ainsi il est intéressant de souligner que Kaamelott ne cherche pas uniquement à amuser le spectateur comme à la
manière des fabliaux en vogue au XIII e siècle, mais plutôt à le divertir aux dépens d'une œuvre trop célèbre ou trop unanimement
reconnue comme celle du Conte du Graal.
Ici la fonction du comique se veut essentiellement divertissante, malgré cela rien
empêche que se dessine en filigrane une critique virulente de la société.
Selon Bergson, nous rions chaque fois que nous voyons « du mécanique plaqué sur du vivant », Le rire, 1900..
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