William Blake
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William Blake
Fils d'un bonnetier londonien, William Blake, sensibilisé à la littérature par sa mère, révéla très jeune sa vocation
artistique.
Initié au dessin, il entra en apprentissage chez un graveur médiocre, avant d'intégrer l'Académie royale.
Déçu et bientôt hostile à l'institution, il la quitta pour vivre de ses gravures d'édition et de ses aquarelles.
En 1782 il
épousa une jeune femme presque illettrée qu'il initia à sa profession.
A cette même époque, il commença à
fréquenter un cercle d'intellectuels résolument hostiles à l'establishment anglais et publia son premier volume de
vers.
En 1794, il avait déjà publié plusieurs ouvrages dont les Chants d'innocence et les Chants d'expérience qui,
malgré leur puissance littéraire, passèrent inaperçus.
Le poète ignoré vivait uniquement de son atelier de gravures.
En 1800, il partit travailler dans le Sussex avec le peintre William Hayley, expérience qui s'acheva par son
arrestation, soupçonné d'avoir agressé un soldat.
Malgré son acquittement, il en garda une profonde amertume
contre l'ordre et les mythes établis, et fit du soldat la figure emblématique de la trahison dans son dernier recueil
Jérusalem.
Malgré l'insuccès de ses expositions, il eut quelques admirateurs à la fin de sa vie dont John Linnell, qui
lui commanda une série d'illustrations pour le Livre de Job et la Divine comédie.
Ignorant l'ampleur du génie
visionnaire de son œuvre, Blake mourut dans son lit, alors qu'il peignait une aquarelle pour illustrer l'un de ses livres.
Il y a deux vies de William Blake l'une est celle d'un artisan qui pourrait figurer dans une galerie des graveurs
illustres, l'autre celle d'un visionnaire qui compte parmi les grands inspirés.
Parce que ce visionnaire s'est exprimé par
la littérature aussi bien que par le dessin, c'est à bon droit cependant qu'on lui fait une place ici.
Rien de plus simple et de plus uni que la vie de l'artisan.
Né à Londres le 28 novembre 1757, il était le second de
quatre fils, dont un autre au moins, Robert, avait un vif tempérament artistique.
Sa vie familiale fut heureuse ; son
père ne l'envoya pas à l'école parce qu'il avait remarqué que la pratique des châtiments corporels choquait
violemment l'enfant ; on favorisa très vite les goûts artistiques du jeune garçon en lui permettant d'acheter des
dessins de vieux maîtres, en le plaçant comme apprenti chez un graveur.
A partir de 1778, il gagne sa vie en
mettant son talent au service des libraires et des éditeurs.
Il épouse en 1782 une femme très simple, mais douce et
dévouée, peu instruite, mais qui apprendra à dessiner et à peindre pour aider son mari.
Le jeune graveur fréquente
un peu le beau monde un monde entiché d'Ossian, de style pseudo-gothique, un monde d'âmes sensibles, mais il s'en
lasse vite et il en fait la satire dans An Island on the Moon (1787).
D'ailleurs sa réputation professionnelle va
grandissant et s'affirmera notamment par une importante série d'illustrations pour un chef-d'œuvre à la mode, les
Nuits de Young.
Toutefois la vie matérielle reste modeste pour ne pas dire difficile, et la bonne période ne dure pas.
Peut-être aussi à une époque où l'Angleterre bande toutes ses forces contre la Révolution française, les opinions
libérales très tranchées de William Blake lui font-elles tort.
Il quitte Londres en 1800 pour aller vivre à Felpham : un
écrivain oublié aujourd'hui, Hayley, lui a commandé des illustrations pour une vie de Cowper.
De trois ans de
collaboration, Blake ne garde pas seulement de bons souvenirs : et c'est peut-être sa revanche qu'on ne se
souvienne guère d'Hayley qu'à cause de lui, au point qu'une biographie du personnage soit intitulée Blake's Haarlem
(Morhard Bishop, 1951).
Après son retour à Londres, la situation de Blake reste précaire.
Ses livres œuvres
personnelles ou œuvres illustrées par lui ne se vendaient guère.
Une exposition en mai 1809 ne fut pas un très grand
succès.
Nous connaissons mal son existence au cours de cette seconde partie de sa vie, si mal que certains, à tort
d'ailleurs semble-t-il, ont pu insinuer qu'il en passa une partie dans un asile.
Il continua à vivre, laborieux et
modeste, de son métier de graveur.
Poussé peut-être par les épreuves de la pauvreté et de l'âge, il illustre
notamment le livre de Job.
Après 1825, il entreprit d'illustrer la Divine Comédie et il mourut à la tâche le 12 août
1827.
Existence qui n'a rien de particulièrement remarquable on le voit, et pour importante qu'elle soit, on peut se
demander si l'œuvre de Blake comme dessinateur et comme graveur suffirait à immortaliser son nom si...
si cette vie
n'avait en quelque sorte un canevas mystique.
Blake naît en 1757, l'année même où Emmanuel Swedenborg reçoit sa
grande révélation, celle d'une sorte de jugement dernier effectif équilibrant le bien et le mal.
Toute l'enfance de
Blake baigna dans un milieu swedenborgien, et il y prit ou il y développa un goût immodéré pour les visions et les
communications : très jeune, et malgré le peu de goût de ses parents pour ce genre de punition, il faillit être
fouetté parce qu'il prétendait avoir vu un arbre plein d'anges, et à huit ans, il le fut effectivement pour leur avoir
raconté une conversation qu'il avait eue avec Ezéchiel.
Cette précoce amitié avec les prophètes ne devait pas en
rester là, et la vie de Blake fut toute peuplée d'extraordinaires visions.
Sa femme et lui comptèrent longtemps parmi
les fidèles de la Nouvelle Jérusalem, temple du swedenborgianisme.
Quand Blake, vers 1787, applique un nouveau
procédé de gravure sur cuivre à l'eau-forte, c'est qu'il l'a reçu dans une vision de son frère bien-aimé Robert, mort
prématurément.
Si la seconde partie de sa biographie terrestre semble plus pauvre que la première, c'est peut-être
parce que, de plus en plus, Blake vivait être deux mondes, halluciné et peu à peu transporté ailleurs, vers cette
porte que le pauvre graveur à son heure dernière franchit en chantant des hymnes improvisés pour s'avancer vers le
tribunal de la suprême justice.
Blake composa des vers dès l'âge de douze ans ; ses premiers essais sont simplement agréables et pittoresques et il
reste quelque chose de cette veine dans les Chants de l'innocence (1789).
Mais déjà ceux-ci ne sont qu'un volet
d'un diptyque ; à la connaissance d'une création qui baigne dans l'innocence fait suite la connaissance du mal ; aux
Chants de l'Innocence répondent les Chants de l'Expérience (1794).
On peut voir une première tentative de
synthèse ou de dépassement de l'opposition dans le Mariage du Ciel et de l'Enfer (1793).
Et tout de suite après
vient un massif d'œuvres très différentes : les Visions des Filles d'Albion (1793), America (1793), Europe : une.
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