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A l'annonce que deux de ses fils sont morts et le troisième en fuite, il n'a pas une larme à l'égard des premiers, pas un mot d'indulgence à l'égard de l'autre qu'il aurait préféré voir mourir pour l'honneur dans ce combat inégal. Lorsque, contre toute espérance, il apprend que son fils est vainqueur, il salue en lui avec émotion et fierté le sauveur de la patrie. Lui non plus ne comprend pas les pleurs de Camille, et le triomphe de Rome lui paraît compenser largement tous ses deuils domestiques. Même après le meurtre de sa fille, il n'a pas un mot de commisération sur son sort : il ne « la plaint point», «elle était criminelle». Quant à Curiace, son patriotisme est encore plus riche de sens, car, plus sensible que les deux autres, il a d'autant plus de mérite à se plier à un devoir inhumain. Il ne cache pas à Horace qu'en dépit des circonstances qui les opposent il lui garde intacte son affection. Mais il ira au combat «sans terreur» comme sans faiblesse. A Camille il déclare que, malgré l'amour qu'il lui porte, il ne se reconnaît pas le droit de se dérober à la mission qu'Albe lui a confiée. Son pays compte pour lui plus encore que sa fiancée. II.

« 1.

Le patriotisme Horace, le vieil Horace, Curiace immolent à leur idéal patriotique leurs affections les plus chères et les plus légitimes. Lorsque le jeune Horace apprend qu'il vient d'être désigné avec ses frères comme le champion de Rome, il éclate d'une joie farouche.

Il proclame qu'il luttera jusqu'à la mort.

Il s'étonne et s'indigne à la pensée que Curiace le pleurera s'il meurt dans le combat.

Quand il apprend que Curiace sera son adversaire, il n'a pas une hésitation : il se battra avec ivresse...

En son beau-frère il ne voit plus désormais qu'un ennemi.

En face des supplications de sa femme Sabine, il a tôt fait de se ressaisir et la congédie en l'adjurant de lui laisser faire son devoir de soldat.

Dans l'allégresse de la victoire enfin, il ne peut concevoir que l'on verse des larmes sur le sort do ses frères dont le sacrifice n'a pas été vain.

A plus forte raison l'indigne-t-il devant le désespoir de Camille qui pleure, en son fiancé, « un ennemi public ».

Et lorsqu'elle s'oublie jusqu'à proférer, dans l'excès de sa peine, des imprécations contre Rome, il la tue.

Moins exalté, moins rude que son fils, le vieil Horace accepte avec autant de fermeté le sacrifice que sa patrie lui demande.

Avant le combat, malgré sa tristesse, il trouve le courage d'exhorter son fils et le fiancé de sa fille à ne pas se laisser attendrir et à songer, non aux liens qui les unissent, mais à la mission dont Rome et Albe viennent de les charger.

A l'annonce que deux de ses fils sont morts et le troisième en fuite, il n'a pas une larme à l'égard des premiers, pas un mot d'indulgence à l'égard de l'autre qu'il aurait préféré voir mourir pour l'honneur dans ce combat inégal.

Lorsque, contre toute espérance, il apprend que son fils est vainqueur, il salue en lui avec émotion et fierté le sauveur de la patrie.

Lui non plus ne comprend pas les pleurs de Camille, et le triomphe de Rome lui paraît compenser largement tous ses deuils domestiques.

Même après le meurtre de sa fille, il n'a pas un mot de commisération sur son sort : il ne « la plaint point», «elle était criminelle».

Quant à Curiace, son patriotisme est encore plus riche de sens, car, plus sensible que les deux autres, il a d'autant plus de mérite à se plier à un devoir inhumain.

Il ne cache pas à Horace qu'en dépit des circonstances qui les opposent il lui garde intacte son affection. Mais il ira au combat «sans terreur» comme sans faiblesse.

A Camille il déclare que, malgré l'amour qu'il lui porte, il ne se reconnaît pas le droit de se dérober à la mission qu'Albe lui a confiée.

Son pays compte pour lui plus encore que sa fiancée. II.

Le sentiment de l'honneur Don Diègue, Rodrigue, Chimène sont prêts à tous les sacrifices pour obtenir réparation quand leur honneur est outragé.

Après le soufflet qu'il a reçu du Comte, Don Diègue n'hésite pas à envoyer son fils le défier.

Il sait quels dangers va courir Rodrigue en face de cet adversaire vigoureux et expérimenté. Il sait aussi quel déchirement il lui impose en le faisant combattre contre le père de sa fiancée.

Mais rien ne l'arrête quand il s'agit de laver un affront qui rejaillit sur tous ses aïeux. Après la victoire, il salue en son fils, avec un enthousiasme reconnaissant, celui qui lui a rendu l'honneur.

Quant à Rodrigue, le premier moment de stupeur passé, il accepte sans faiblesse, puisque son devoir l'exige, la cruelle mission que son père lui confie, comme il acceptera ensuite de défendre contre les Mores sa patrie en danger. Devant Chimène, il affirme hautement qu'il n'a point de regret de son acte, qu'il «le ferait encore s'il avait à le faire ».

De son côté Chimène, malgré sa douleur, ne se reconnaît pas le droit de blâmer Rodrigue « d'avoir fui l'infamie » en prenant devant le Comte la place de son père outragé.

Mais elle est décidée à poursuivre jusqu'au bout l'accomplissement de son devoir filial.

A deux reprises, elle réclamera du Roi l'application de la loi contre le coupable qu'elle n'a pas cessé d'aimer ; et comme le Roi s'y refuse, elle chargera Don Sanche du soin de la venger. III.

L'esprit de sacrifice Polyeucte enfin offre le plus bel exemple de l'esprit de sacrifice.

Il est comblé de toutes les joies que peut offrir la vie.

Il possède la fortune, un haut rang : il est en Arménie « le chef de la noblesse ».

Il vient d'épouser, après de radieuses fiançailles, une jeune femme qu'il aime tendrement et dont il parle à son ami Néarque avec une affectueuse tendresse.

Pourtant il n'hésite pas, pour ne pas désavouer sa foi, à renoncer à son bonheur.

Devant les supplications de sa femme et de ses proches, il reste inébranlable et dans un geste de détachement suprême, au moment de partir à la mort, il lègue sa femme à son ancien rival. Conclusion Horace, le vieil Horace, Curiace immolent toutes leurs affections à l'amour de la patrie.

Don Diègue, Rodrigue, Chimène fondent sur le sentiment de l'honneur toute leur conduite.

Polyeucte incarne la forme la plus pure de l'esprit de sacrifice.

Tous nous offrent le contagieux exemple des plus hautes vertus.

Mais s'ils s'élèvent ainsi au-dessus d'eux-mêmes, ce n'est pas sans effort et sans souffrances.

Ils nous dominent mais en même temps nous émeuvent. Ils se révèlent des héros sans cesser d'être des hommes.. »

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