Comment les puissances étatiques usent-elles du soft power pour s’affirmer dans la mondialisation contemporaine ?
Publié le 25/01/2023
Extrait du document
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Le politologue Raymond Aron, définit la puissance comme : « la capacité d’une unité politique
d’imposer sa volonté aux autres unités ».
La puissance est donc, au sein des relations internationales,
la capacité d’un Etat à imposer ses décisions aux autres acteurs politiques afin de servir ses intérêts.
C’est un concept évolutif : jusqu’en 1990, la puissance repose essentiellement sur des facteurs
traditionnels tels que la diplomatie, la force militaire, la culture et l’économie ; aujourd’hui on distingue
le soft power, du hard power.
En 1990, le théoricien américain Joseph Nye élabore le concept de soft
power, défini comme la puissance par l’influence, notamment culturelle et diplomatique ; le distinguant
ainsi du hard power qui se rapporte à la seule puissance économique, diplomatique et militaire.
Ces
deux concepts se développent durant la mondialisation contemporaine.
La mondialisation
contemporaine désigne un processus d'intensification, de fluidification des mouvements et échanges
sur toute la planète qui s’accroit depuis les années 1970 grâce aux systèmes contemporains de
communication, notamment digitaux.
Plus tard, la notion de smart power naitra, qui combine le hard
power et le soft power.
Comment les puissances étatiques usent-elles du soft power pour s’affirmer dans la
mondialisation contemporaine ?
Après avoir observé que la diffusion de la langue et de la culture sont des instruments de
puissance, nous aborderons le nouveau biais de puissance que sont les géants du numérique.
La culture est un atout essentiel du soft power, c’est une forme indirecte de puissance pour les
Etats ; elle est en majeure partie véhiculée par la langue.
La diffusion de la langue par les Etats leur
permet de s’affirmer dans la mondialisation contemporaine et d’influencer les relations internationales
sur les plans culturels et économiques.
La diffusion de la langue et de la culture permet de faciliter les
échanges, de manière à renforcer la puissance économique.
C’est le cas de l’anglais, défini comme la
langue mainstream (massivement populaire).
L’anglais est la langue internationale.
Au cours du XXe
siècle, elle s’est érigée puis imposée comme la langue des échanges internationaux.
Si la langue
anglaise a pu se diffuser aussi massivement dans le monde, c’est notamment grâce à l’essor de la
culture anglo-américaine au XXe siècle : cinéma (Hollywood, Wald Disney), célébrités (Marilyn
Monroe), films (Rocky) ; qui continue à s’étendre encore au XXI e siècle avec l’apparition des
plateformes de streaming américaines (Netflix, Disney+, Amazon Prime dans le monde et
Paramount+, HBO Max, Hulu, disponibles aux Etats-Unis) qui proposent une multitude de séries.
Cette domination par la langue anglaise est aussi due à la simplicité de sa structure grammaticale,
facilement accessible à une grande partie du monde européen et à la puissance internationale du
Royaume-Uni (ancienne puissance coloniale majeure) mais également des Etats-Unis (qui ont su
récupérer la place internationale qu’occupait le Royaume-Uni).
A l’heure actuelle, la majorité des
échanges commerciaux internationaux se réalisent dans la langue anglaise, ainsi, la maitrise de cette
langue engage un avantage concurrentiel considérable.
Les Etats utilisent donc le soft power en
diffusant leur langue pour être avantagés économiquement.
De plus, l’anglais supplante les autres
langues dans le monde des affaires, ainsi, on observe une adoption de normes socio-culturelles
américaines liées au monde du commerce : forme des présentations en power-point, les
applaudissements à la fin de chaque intervention ou encore les anglicismes ou l’utilisation
d’expression anglo-américaines tels que « e-mails » ; « business » ; « meeting » ; etc.
L’adoption de
ces normes américaines renforcent la domination de l’anglais sur les autres langues et ainsi, la
puissance des pays anglophones.
La colonisation a permis à beaucoup de puissances européennes d’étendre leur influence via la
langue et le développement de leur culture.
La francophonie est un des ressorts du soft power de la
France, ainsi la diffusion de la langue française grâce à la création de l’OIF (Organisation
internationale de la francophonie) dans les années 1970 permet à la France de maintenir son rang de
puissance.
Subséquemment, on compte aujourd’hui plus de 300 millions de francophones dans le
monde et 88 pays membres de l’OIF, facilitant alors les échanges administratifs, culturels,
universitaires ou encore économiques entre la France et le reste du monde.
Cette organisation permet
alors à la France de maintenir des connexions avec de nombreuses puissances à travers le monde.
Cependant elle peut être critiquée car elle permet à la France de garder une emprise sur ses
anciennes puissances coloniales.
Avec l’importance grandissante du soft power, certains pays mettent en place de nouvelles stratégies
pour asseoir leur puissance dans le concert international, notamment avec le développement des
instituts culturels.
En effet, la puissance culturelle maintenue par ces instituts permet d’imposer
davantage la puissance institutionnelle.
C’est pourquoi, en 2004, la République populaire de Chine
met en place les instituts Confucius, des établissements culturels à but non lucratifs.
Ces instituts sont
implantés en Chine mais aussi dans plusieurs villes du monde.
L’objectif de cette entreprise est de
véhiculer la langue, la culture, l’histoire et la philosophie chinoise au-delà des frontières de la Chine .
Le gouvernement chinois cherche à augmenter son pouvoir d’attraction par la langue et la culture afin
que les populations du monde puissent porter la politique et l’idéologie chinoise sur la scène
internationale.
Ces instituts se sont rapidement développés à travers le monde depuis le milieu des
années 2000.
Ainsi, selon le recensement de 2017 du Hanban, (Bureau national pour l'enseignement
du chinois langue étrangère), on dénombrait 516 instituts Confucius et 1076 classes Confucius dans
des écoles primaires et secondaires, répartis dans 142 pays.
Même si la Chine a lancé tardivement
cet outil du soft power par rapport à la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Espagne, le nombre
d’élèves est déjà très importants.
La culture et la langue sont donc deux atouts essentiels du soft power, ce sont des outils de
puissance : la diffusion de la langue par les Etats leur permet de s’affirmer dans la mondialisation
contemporaine et d’obtenir une influence culturelle en exploitant des formes indirectes.
Si la langue
est un outil majeur pour les....
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